Ćuvre Nom : Hildegarde recevant une vision et la dĂ©crivant Ă son secrĂ©taire Volmar. Auteur : Hildegarde de Bingen. Date : 1141 â 1152. Type : Enluminure. Source : in Le Scivias. Ćuvre. Nom : Hildegarde recevant une vision en prĂ©sence de son secrĂ©taire Volmar
Chers amis, Quand on parle de santĂ© aujourdâhui, on ne parle, Dieu merci, plus seulement dâun bien-ĂȘtre physique. Il est maintenant acquis que la bonne santĂ© est Ă la fois physique mais aussi Ă©motionnelle, voire spirituelle. Câest dâailleurs la dĂ©finition quâen a retenu lâOMS depuis 1946 un Ă©tat de complet bien-ĂȘtre physique, mental et social » qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou dâinfirmitĂ©. »1 Jâaime Ă penser que nous devons cette dĂ©finition large de la santĂ© Ă la pionniĂšre de la mĂ©decine occidentale moderne Hildegarde de Bingen. LĂ©onard de Vinci, version fĂ©minine Hildegarde Ă©tait une humaniste avant lâheure, Ă la maniĂšre dâun LĂ©onard de Vinci, version fĂ©minine. SâintĂ©resser Ă cette femme hors du commun, câest se plonger dans les sciences, les arts, la mĂ©decine et la spiritualitĂ©. Car Hildegarde de Bingen Ă©tait tout Ă la fois abbesse, astrologue, femme politique, scientifique, Ă©ducatrice, musicienne de grand talent, et naturopathe avant lâheure ! En 1106, elle entre au couvent des BĂ©nĂ©dictines de Disibodenberg, en RhĂ©nanie, Ă lâĂąge de huit ans. Elle y suivra son instruction puis prendra le voile Ă quatorze ans le 1er novembre 1112. Ă 38 ans, elle en devient lâAbbesse MĂšre supĂ©rieure, et cinq ans plus tard elle reçoit de Dieu lâordre de mettre par Ă©crit les visions qui lâaccompagnent depuis son enfance. Selon ses dires, ces visions ne surviennent pas dans lâextase mais dans un Ă©tat Ă©veillĂ©. Elle Ă©voque quelque chose comme un nuage lumineux dans lequel je vois des images et jâentends des mots ».2 Hildegarde prĂ©tend recevoir alors un aperçu des mystĂšres de la crĂ©ation et des forces curatives de la nature. Mais elle ne prĂ©tend pas avoir le pouvoir de guĂ©rir. Selon elle, câest bien Dieu qui soigne par son entremise. Pour soigner lâĂąme, il faut retrouver le chemin de la vertu Pour Hildegarde de Bingen, lâĂ©tat naturel de lâHomme est la Câest en se perdant sur le chemin du pĂ©chĂ© quâil devient malade. Tout comme de mauvais aliments finissent par polluer lâorganisme et provoquer la maladie, lâĂȘtre qui se perd dans le pĂ©chĂ© et les errances corrompt son Ăąme, se coupe de Dieu, et dĂ©pĂ©rit peu Ă peu. Pour retrouver le chemin de la santĂ© et de lâharmonie, il faut dâabord renouer avec une vie vertueuse. Pour nous qui vivons dans un monde laĂŻc, cette vision de la santĂ© spirituelle peut paraĂźtre dĂ©passĂ©e. Jây vois pour ma part quelque chose de tout Ă fait moderne vivre une vie vertueuse, câest vivre une vie orientĂ©e vers le bien et en accord avec son cĆur. En toutes choses, soyez joyeux ! Hildegarde de Bingen est trĂšs attachĂ©e au bien-ĂȘtre psychologique. Selon elle, notre santĂ© ne peut sâĂ©panouir sans un Ă©lĂ©ment fondamental la joie. LâAbbesse porte un regard attentif sur tout ce qui conditionne notre tristesse et notre joie de vivre. Pour elle, la santĂ© nâest pas forcĂ©ment lâabsence de maladie, elle tient plutĂŽt en une cĂ©lĂ©bration de la vie, en une capacitĂ© Ă vivre et Ă faire le bonheur. Elle est en cela parfaitement en phase avec la dĂ©finition de la santĂ© de lâOMS dont je vous parlais plus haut. Hildegarde ose parler des sujets les plus tabous Psychologue avant lâheure, Hildegarde devine que bien des dĂ©sordres psychiques proviennent de pulsions sexuelles rĂ©primĂ©es. Dans un Moyen-Ăge oĂč la pĂ©nitence, la culpabilitĂ©, la peur du jugement divin conditionnent les actes les plus banals, elle, ose plaider pour le plaisir ! Elle permet aux diacres les âpratiques sexuelles solitairesâ elle parle dâonanisme, quâelle interdit toutefois aux prĂȘtres, elle nâhĂ©site pas Ă aborder des sujets comme lâimpuissance, lâĂ©jaculation prĂ©coce, les pollutions nocturnes, la qualitĂ© du sperme et mĂȘme lâĂ©jaculation fĂ©minine, dĂ©signĂ©e sous le nom de spuma Ă©cume. Hildegarde dĂ©mystifie aussi le sang des menstruations en affirmant quâil ne souille aucunement ce avec quoi il entre en contact. En tant que MĂšre supĂ©rieure de couvent de Disibodenberg, elle met un point dâhonneur Ă veiller sur la santĂ© de ses sĆurs, mais aussi Ă accueillir les malades venus chercher secours en sa demeure. Bien souvent, les femmes sollicitent ses lumiĂšres et lui confient sans crainte leurs prĂ©occupations trĂšs intimes liĂ©es Ă la stĂ©rilitĂ©, Ă la sexualitĂ© ou Ă la mĂ©lancolie. Ăcrire sur le sujet fut pour Hildegarde un moyen de rĂ©pondre Ă toutes ces questions taboues auxquelles elle Ă©tait confrontĂ©e au quotidien. Dans un autre souci de prĂ©servation de la santĂ©, elle soutient que la pensĂ©e positive est un atout. Selon elle, un esprit apaisĂ© et positif maintient les humeurs les liquides en circulation dans lâorganisme en Ă©quilibre, tandis que les pensĂ©es dĂ©sagrĂ©ables ont lâeffet inverse. Je rappelle que le concept de pensĂ©e positive nâest apparu en psychologie que dans les annĂ©es 50 ! On sait aujourdâhui que la santĂ© mentale est fortement liĂ©e Ă lâapparition de certaines maladies cardiovasculaires, problĂšmes de peau, inflammations diverses, etc.. La toute premiĂšre naturopathe Mais si Hildegarde est si cĂ©lĂšbre de nos jours, câest parce quâon a reconnu en elle la toute premiĂšre naturopathe occidentale. Il y a presque 1000 ans, elle prĂŽnait dĂ©jĂ la nĂ©cessitĂ© dâavoir une alimentation saine. On retrouve par exemple chez elle des notions de diĂ©tĂ©tique ĂȘtre mesurĂ© dans les proportions. Mais on retrouve encore la notion de plaisir elle Ă©voque les aliments de la joie qui sont autant un ravissement pour le corps que pour lâĂąme. Ses favoris sont lâĂ©peautre, le fenouil, les chĂątaignes⊠Parmi les principes appliquĂ©s en naturopathie on retrouve Ă©galement La nĂ©cessitĂ© dâentretenir un rapport harmonieux avec la nature ; Lâattention particuliĂšre qui doit ĂȘtre apportĂ©e au sommeil ; Les notions dâhygiĂšne ; Le souci dâavoir une bonne digestion et des Ă©liminations rĂ©guliĂšres. Il sâagit de trouver lâharmonie dans la voie du juste milieu. Le plaisir toujours, mais sans excĂšs. Un esprit curieux qui fait encore rĂ©fĂ©rence Elle partage aussi avec de nombreux praticiens de santĂ© naturelle une curiositĂ© aiguisĂ©e. Elle sâest notamment prise de passion pour la botanique en dĂ©crivant en dĂ©tails des espĂšces vĂ©gĂ©tales quâelle estimait dĂ©nuĂ©es de qualitĂ©s nutritives ou thĂ©rapeutiques. Elle Ă©tait une observatrice attentive et attendrie de la nature au sens plus large des simples cultivĂ©es entre les murs de son abbaye, de la faune et de la flore rhĂ©nane. Ainsi, les eaux des fleuves et des riviĂšres de la rĂ©gion sont Ă©voquĂ©es dans ses Ă©crits comme bienfaitrices pour le corps. Hildegarde prĂȘte attention Ă©galement aux pouvoirs curatif ou prĂ©ventif des pierres lithothĂ©rapie. Pour compiler tout son savoir, elle a beaucoup Ă©crit. Ses ouvrages retracent en quelque sorte 30 annĂ©es de visions et de recherches. Trois grands livres sur la santĂ© ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©s de son vivant. Dans Le manuscrit perdu Ă Strasbourg enquĂȘte sur lâĆuvre scientifique dâHildegarde, Laurence Moulinier suppose que le Liber subtilitatum diversarum naturarum creaturarum, un traitĂ© de sciences naturelles tenant en un seul livre, rĂ©digĂ© entre 1150 et 1158, aurait Ă©tĂ© scindĂ© en deux parties Physica et Causae et Curae titres donnĂ©s plus tard par les Ă©diteurs. Physica rĂ©pertorie 513 animaux, plantes, Ă©lĂ©ments, mĂ©taux et pierres qui y sont dĂ©crits avec leurs propriĂ©tĂ©s mĂ©dicinales. Le Liber compositae medicinae ou Causae et Curae , traite de la santĂ© et des maladies humaines. Hildegarde y insiste sur lâhygiĂšne, une bonne alimentation, le repos et les exercices physiques dans la grande tradition hippocratique. Le troisiĂšme ouvrage dâimportance rĂ©digĂ© entre 1158 et 1163 est le Liber vitae meritorum, une sorte de traitĂ© de psychothĂ©rapie. Quelle joie de constater que les grands esprits traversent les siĂšcles sans prendre une ride et quâils ont encore la capacitĂ© de nous apprendre des choses ! Hildegarde est pour moi Ă la fois la premiĂšre naturopathe, mais aussi la premiĂšre Ă incarner la mĂ©decine holistique. Câest sans doute ce qui lui vaut une telle popularitĂ© de nos jours. Elle est une des figures qui a marquĂ© ma vision de la santĂ© naturelle. Et vous, connaissiez-vous cette grande dame ? Ă bientĂŽt, Laurent Tessier des Ă©ditions Nouvelle Page 5 votes Ăvaluation de l'article
Quatrealiments qui rendent heureux. LE FENOUIL : pour sainte Hildegarde, le fenouil est un remĂšde universel. Elle en parle en des termes que la phytothĂ©rapie actuelle nâa pas manquĂ© de confirmer : « Sous quelque forme que lâon consomme le fenouil, il rend gai, donne au corps une bonne irrigation sanguine, une bonne odeur et facilite la